Auteur de l'article, Marc Tremblay. Source, l'excellent site du :

Shotokan karaté-do de la Capitale Club de karaté Shotokan Cap-Rouge St-Augustin

Collège St-Augustin (pavillon St-Rédempteur) face au Camp Kéno

 4957, Rue Honoré- Beaugrand

 Saint-Augustin - Québec, Canada

http://shotokancrsa.com 

 

 

 

 

Les katas Shotokan; l'héritage des Maîtres

Les katas sont au cœur même de l'histoire du karaté. Ils sont l'héritage que nous lègue les grands maîtres. Chaque kata a un nom. Des noms comme Bassai, Empi, Jion,ou Sochin leurs ont été donnés à travers les siècles. Les noms des katas font souvent écho à leur origine chinoise, soit par leur poésie naturaliste, le nom du maître qui les a transmis ou, lorsque modifiés dernièrement, à des références plus japonaises. Certains des noms japonais ont été crées récemment, mais la plupart sont originaires d’Okinawa et leur signification nous échappe. Nous pouvons seulement lire les caractères kanji avec lesquels ils sont composés et deviner ce à quoi pensait celui qui les a créés. Dans certains cas l’origine du nom est évidente. Dans d’autres on peut juste essayer de deviner. En fait, dans la plupart des cas les caractères kanji avec lesquels sont composés les noms ne sont pas connus avec certitude et différents instructeurs asiatiques pourraient écrire les noms des katas avec des caractères différents.

Pour différentes raisons, les créateurs de kata n’ont pas écrit beaucoup de choses sur leur passion pour les arts martiaux et sur les concepts qu’ils voulaient faire passer en les créant. Pratiquement aucun écrit n'a pu être retrouvé, car la transmission de la connaissance du savoir de Maître à élèves se faisait de manière orale, de plus à l'époque peu d'entre savaient lire ou écrire. De plus un Maître avait un élève  interne (Uchi-Deshi) et un élève externe (Soto-Deschi). Le successeur officiel était le Soto-Deschi, et pourtant celui-ci n'est pas le détenteur de toutes les clés du savoir énergétique et thérapeutique contenu dans les katas du Maître. Ces secrets étaient détenus par le Uchi-Deshi (Disciple interne), d'où une perte de certain enseignements.

L’idée même que vous êtes en train de réaliser une technique qui a été transmise de maître à élève depuis 50 ans et dans certains cas depuis 400 ans, est fascinante et peut apporter de l’humilité. Ces exercices apportent bien plus que de la sueur et de la fatigue au karatéka, ils apportent une impression de perpétuité.

Un kata se présente comme une suite de mouvements de karaté toujours exécutés de la même façon et dans les même direction, il sont destinés à transmettre les principes originels des différents budos. Les katas sont des exercices codifiés, où on trouvera de 20 à 60 mouvements ou techniques. Selon le degré de difficulté du kata, le karatéka effectue  des techniques qui simulent un combat établi selon un cheminement précis contre plusieurs adversaires. Bien sûr, ils sont imaginaires, mais chaque mouvement, chaque technique doivent être exécutées avec l'état d'esprit d'un combat réel. Les katas formaient jusqu'à la dernière guerre, avec les assauts conventionnels, la seule forme d'enseignement du karaté, ils contiennent toutes les techniques transmises par les maîtres et en y consacrant du temps, le karatéka peut y découvrir une importante source de progression. Ainsi, certaines techniques du karaté ont été développées dans un contexte bien particulier, par exemple les tobi-geri (coup de pied sautés) étaient utilisés pour désarçonner un Samouraï, car un coup de pied, à l'époque ne dépasse jamais les côtes flottantes, au dessus cela est considéré comme non efficace et suicidaire.

On peut voir dans un kata plusieurs aspects : le premier est bien entendu le combat réel dans lequel l'adepte doit mettre toute sa volonté et sa fougue afin de "protéger sa vie" contre des adversaires de forces différentes. C'est seulement au cours de cet exercice que le karatéka peut comprendre et acquérir la sensation d' adversité, la maîtrise du corps et de l'esprit.

On peut aussi voir dans le kata un exercice de style et ainsi vouloir allier l'efficacité à la perfection technique. Il devient alors un exercice difficile dans lequel on apprend à dominer son corps, à contrôler sa respiration, à développer puissance, rapidité et souplesse en harmonie.

Efficacité et pureté technique

"Karate ni sente nashi" a-t-on pris le soin de graver sur le tombeau de Gichin Funakoshi. Un monument dédié à  sa mémoire est placée actuellement dans le Monastère Zen d'Engaku-ji en Kamakura : le karatéka ne fait pas la première attaque. En karaté, il n'y a pas d'avantage à la première attaque était en effet la phrase que le fondateur du karaté moderne avait choisie pour définir le karatéka. Le fait que tous les katas commencent par un blocage a la même signification. Le kihon, l'exercice de base, insiste également sur les blocages qui doivent garder une place primordiale dans chaque entraînement disait Masatoshi Nakayama. Il est intéressant de constater qu'un kata commence toujours par une technique défensive, ceci afin de rappeler à tous que le karaté ne doit servir qu'à se défendre. Il compte toujours un ou deux temps forts où l'on pousse un cri abdominal bref, le kiaï, qui aide à concentrer toute notre énergie : c'est le moment où on "porte un coup décisif" contre un adversaire plus coriace que les autres. Un des buts du kata est de faire se rejoindre efficacité et pureté technique,  aussi le respect scrupuleux de la forme du kata est-il un critère indissociable de sa réussite. Bien que le kata soit un exercice formel, il ne reçoit sa signification qu'associé à son interprétation, le bunkaï.

Tant de katas, si peu de temps

Rien de valable ne vient sans efforts. Un effort moyen ne donne pas de résultats moyens; il ne donne aucun résultat. Le travail, le travail sans relâche, le travail intense, est le seul moyen d'obtenir des résultats durables. Travaillez sans relâche comme si vous ne deviez jamais atteindre le but.

Il est dit que dans sa jeunesse, pour étudier et pratiquer le karaté, le Maître dut apprendre plus de cent katas différents. Après des années d'entraînement et de recherche, il formalisa ces anciens exercices sous la forme de quinze katas traditionnels. On peut le voir ici démontrer Pinan Shodan (maintenant Heian Nidan).

Le développement du karaté et le foisonnement des styles ont provoqué une prolifération des katas où le débutant peut se perdre facilement. Une trentaine cependant sont originaux seulement, les autres seraient des formes dérivées ou des créations nouvelles à partir d'anciens katas. Vous n'avez qu'à assister à une compétition de kata pour constater que le Bassai de Shito-Ryu ressemble au Bassai dai de Shotokan par exemple. C'est, entre autres, le cas des Heian (ou anciennement Pinan : paix et tranquillité) et de Ten no kata, créés par maître Gichin Funakoshi à partir de Kanku et Bassai; ou des Taikyoku, versions simplifiées des Heian créées par son fils Yoshitaka.

Tous les katas anciens sont influencés par deux grands courants d'origine de l'Okinawa-te, soit le Shuri-te (Shorin-ryu) où les mouvements sont longs, rapides et légers, ou le Naha-te(Shorei-ryu) aux mouvements lents, contractés développant la musculature et la maîtrise de la respiration. Le Tomari-te restera une tendance mineure très proche du Shuri-te. Dans la première catégorie, le Shuri-te, on retrouve les Heian, Bassai, Kanku, Empi, Gankaku, Gojushiho, Meikyo, Chinte. Jiin, Wankan; dans le style Naha-te, Hangetsu, Saipa, Sanchin, Sanseru, Kurunfua, Superrinpai, Shiso-shin, Sochin, Jutte, Jion, Tekki. Les noms des katas font souvent écho à leur origine chinoise, soit par leur poésie naturaliste, le nom du maître qui les a transmis ou, lorsque modifiés dernièrement, à des références plus japonaises.

 

Le long chemin de l'apprentissage du karaté...

Les katas : c'est à cette occasion que les débutants apprennent les nouveaux katas en suivant les gradés et que les gradés améliorent leur exécution des katas. Soit le kata est réalisé tous ensemble de manière à ce que les pratiquants puissent s'investir et apprendre les uns des autres, soit il se fait par ordre de grades de manière à ce que tout le monde puisse approfondir ceux de son niveau.
Selon la tradition japonaise, l'apprentissage des arts martiaux s'effectue en trois étapes majeures : Shu, Ha et Li.

Shu: L'étape où l'élève apprend à exécuter correctement les techniques en imitant le professeur. C'est la découverte des éléments qui interviennent dans l'exécution d'une technique classique. C'est la correction continuelle de soi pour faire correspondre le plus possible notre technique à celle du professeur. On prend conscience de la respiration, du hikite, de la rotation, de la position et de tous ces éléments qui, juxtaposés, développeront une technique efficace de karaté. Cette étape part de la ceinture blanche et se rend facilement au premier dan (ceinture noire) et même au-delà. Car, en karaté, la ceinture noire n'est que le début de la connaissance de l'art.

Ha: Le karatéka parvient à cette étape aux environs de la ceinture noire, après des années de pratique assidue. C'est un approfondissement de la méthode, une identification avec les gestes qui lui ont été enseignés. Le mouvement est "maîtrisé" et sort spontanément. Le réflexe est forgé, profond, naturel. Le karaté fait maintenant partie intégrante de l'élève. Les éléments divers tels que la respiration, le kime, le hikite s'harmonisent pour donner une technique réussie. Sa forme ne comporte plus d'erreurs majeures, ce qui la rend garante d'une efficacité réelle. Le travail de l'esprit commence aussi à porter fruit : le karaté monte d'un cran et se rapproche parfois de l'art.

Li: Selon les japonais, c'est l'art proprement dit. C'est la maîtrise du karaté, la renaissance, l'éveil de l'individu au-delà de la technique. Le maître a tout assimilé et s'est "trouvé", comme l'artiste. Le karaté s'est personnalisé, le maître a retaillé le karaté à sa dimension propre, en harmonie avec son être profond, son unicité. Des états mentaux de qualité supérieure (quiétude, sérénité) imprègnent souvent l'esprit et l'agir des individus qui atteignent ce niveau. Le long cheminement dans l'effort a mené à une qualité d'être et de conscience qui, à son tour, transparaît dans l'art du maître. C'est l'atteinte de l'équilibre entre l'esprit et le corps, aussi peut-on parfois lire qu'il est question d'illumination, de satori chez certains individus dans la tradition orientale.

 

 

Les 10 éléments d'un kata

Masatoshi Nakayama, 9ème Dan JKA

1.Yoi no kisin; L'attitude de l'esprit dans la préparation

2.Inyo; L'actif et le passif

3.Waza no kanku; La vitesse d'un mouvement

4.Chikara no kyojaku; La façon d'utiliser la force;

5.Tai no shinshuku; La position haute ou basse du corps

6.Tyakugan; Le but recherché dans chaque mouvement

7.Kiai; Le cri qui libère l'énergie

8.Keitai no hoji; La position correcte

9.Zanchin; La vigilance d'esprit

10.Kokyu; La respiration